Est-ce que ce 11 fait vriller les socialistes?
Je suis un mauvais militant. Je ne suis pas allé à Villepinte dimanche dernier. Je n'ai même pas regardé en direct live la prestation de Ségolène Royal. Pas envie de me retrouver comme ces parents pétris de trac lors de la représentation pseudo théâtrale de leur rejeton, point d'orgue d'une année studieuse en petite section de maternelle. Pas envie de regarder la télévision la main devant les yeux, en ouvrant mécaniquement les doigts pour apercevoir, juste apercevoir.
J'ai donc fait comme un « vrai gens. ». J'ai attendu que les médias me donne un résumé de leur cru, en fin de compte c'est la meilleure manière de savoir comment cela va être perçu.
Premier enseignement, la campagne de Ségolène semble relancée. Ce sont les médias qui le disent. « Pari réussi ». Bon, soit. Mais pourquoi? Bah parce que les propositions étaient concrètes, qu'il y a eu un virage à gauche, sans pour autant que Ségolène ne se dénie, puisqu'elle a conservé ses « mesures » qui ont créé la polémique (l'encadrement militaire, les jury populaires, la révision de la carte scolaire).
Quand on regarde les 100 propositions, on est face, effectivement, à une série de mesures plutôt ancrées dans les solutions « historiques » du Parti Socialiste, et l'on se demande quelles furent les fameuses « pépites » extirpées des non moins fameux débats participatifs. Néanmoins quelques idées sont intéressantes, comme la caution d'état pour les locataires (autrement plus juste que les propositions de l'UMP), les réformes institutionnelles vont toutes dans le bon sens, même si elles restent timides (on est loin de la 6ème République). Timide aussi la limitation à 17 le nombre d'élèves par classe en CP et CE1 dans les ZEP, alors qu'il faudrait limiter à 17 dans toutes les classes de France, du CP à la Terminale. Bon, je ne vais pas commenter toutes les propositions, on est encore là demain. Dans l'ensemble, elles sont séduisantes mais manquent souvent de corps. Lesprogramme fiscal de DSK dévoilé vendredi dernier était lui plus convaincant.
Mais le but de ce 11 Février n'était sûrement pas de tout dévoiler. Il importait de re-crédibiliser la campagne de Ségolène, et d'impulser une vraie dynamique. Dans quelques jours nous verrons bien si l'objectif est rempli.
Une chose est certaine, cette inflexion à gauche était la meilleure chose à faire. Il ne faut pas jouer le second tour avant le premier. Et, vu la débandade de la gauche anti-libérale, il n'est pas impossible que ses électeurs fassent le choix « du vote utile » à partir du moment où des engagements « à gauche » sont tenus. Il restera alors tout l'entre deux tours pour convaincre les électeurs gaucho bayrouiste de revenir dans le giron.