Perdre l'occasion de sentir une élection.
Au vu des résultats du 6 mai, doit-on parler de la défaite
de Ségolène Royale ou bien de la Victoire de Nicolas Sarkozy?
Assurément des deux. Mais il semble bien qu'avec un tel taux de participation,
l'avance plus que confortable du candidat UMP et la clarté d'un programme rabâché
depuis 3 mois, les français ont approuvé, désiré même, que Nicolas Sarkozy
devienne président. Et ce en dépit des mises en gardes et des analyses qui essayaient-
en vain - de montrer la dangerosité de Nicolas Sarkozy.
Cette victoire de Sarkozy, c'est le point d'honneur ultime d'une génération qui
aura complètement étouffé celle qui suit. On le sait, le vote Sarkozy est
majoritaire chez les seniors. Et, en ce sens, Sarkozy est avant tout élu par
les baby boomers aujourd'hui à la retraite, ou pas loin. Une génération qui a
connu les trente glorieuses, qui a "fait" mai 68, connu la libération
sexuelle, s'est enrichi par la suite, accessoirement ne s'est pas privée pour
polluer la planète, et qui s'est portée en modèle castrateur de la
génération suivante, en gros ceux qui sont nés entre 1968 et 1980. Et pour
refermer la parenthèse, donc, ils ont élu celui qui justement veut
"liquider l'héritage de mai 68". Pour nous laisser à nous,
trentenaires et quadragénaires, le soin d'à nouveau retrousser les manches,
travailler plus pour gagner plus: en gros montrer ce que nous savons faire.
Parce que c'est vrai que jusqu'à maintenant, on nous avait un peu mâché le
travail, n'est-ce pas?
Bien évidemment, l'électorat de Nicolas Sarkozy se retrouve dans toutes les
classes d'âge, et il ne faudrait pas minimiser l'attrait qu'à eu son discours
auprès notamment des classes populaires, notamment en mettant en avant
"les problèmes de l'immigration", le marronnier ultime. Il
n'empêche que cette victoire reste à mes yeux celle des grand parents qui
veulent faire "voir la vie" à leurs enfants et petits-enfants
(mais comme on ne paiera plus de doits de succession, on aura le pactole pour
nos vieux jours, c'est chouette !). Je vous le dis, ce n'était pas la meilleure
idée de naître en 1969.
La défaite de Ségolène Royal, s'explique aussi par les erreurs depuis 5 ans du
premier secrétaire du parti socialiste.
Logiquement cette élection n'était pas perdable : le candidat de l'UMP était
numéro deux d'un gouvernement au bilan plus que contrasté, passablement
détesté, et défendant un programme qui ne mettait pas vraiment le social en
avant, c'est le moins que l'on puisse dire. En outre, les élections régionales
de 2004 laissaient à penser qu'effectivement le Parti Socialiste avait repris
des couleurs après la débâcle de 2002.
Mais c'était sans compter sur l’inaptitude de François Hollande d’élaborer une
stratégie claire et de mener un parti d’une main de maître. En cinq ans d’opposition
on n’a guère entendu le parti socialiste. Il était presque inexistant pendant
les manifestations contre le CPE. Il a fallu attendre 4 ans avant d’élaborer à
la hâte un projet bancal et au fond pas très moderne. Et du coup, se trimballer
ce même projet avant la désignation d’un candidat. Faire des primaires fratricides
trop tôt. Laisser la candidate désignée en campagne pendant six mois, qui a du,
malgré ses désirs de modernisme et d’affranchissement, quand même broder autour
du dit projet – seul lien fédérateur entre des éléphants qui n’ont plus à
travailler ensemble.
Et puis, quoi ? En face, l’UMP était une machine de guerre quasi indéfectible. Même les chiraquiens le plus rétifs ont fini par rallier Sarkozy. Au PS, François Hollande n’a cessé de vouloir faire la synthèse entre Fabius-Mélenchon-Emmanuelli d’une part, les jospiniens historiques (Vaillant/Delanoë) et les Sociaux démocrates (DSK/Bartolone) d’autre part. Autant dire concilier l’inconciliable.
Enfin, on ne m’ôtera pas de l’idée qu’au moins un ou deux pourcent d’électeurs prêt à voter à gauche, n’était pas prêts à élire une femme présidente. Oh, bien sur ils ne l’avoueront jamais. Ils diront plutôt que Ségolène, ils ne peuvent pas la sentir, trop pimbêche, trop bourgeoise, trop gourde surtout, quelle incompétence, n’est-ce pas ? Et d’ailleurs elle a perdu, c’est bien pour quelque chose !
Alors, aujourd’hui, évidemment, je suis très triste. Et aussi un peu en colère.
Certes, je mise un l’espoir d’un dernier sursaut pour les législatives, mais je n’ai plus trop d’illusion. Elles ne peuvent être gagnées que s’il y a alliance avec le Mouvement Démocrate de Bayrou, autant dire que le PS est plutôt prêt à se tirer une balle dans l’autre pied.
Quand à moi, j’arrête ce blog aujourd’hui. Il s’appelait « 2007
sans Sarkozy », force est de constater que ce sera avec. Je rouvrirai
peut-être un autre blog, que je signalerai ici. En attendant, je vais non pas
me reposer pour habiter une fonction mais vaquer à d’autres occupations. Merci
aux 20000 visiteurs d’avoir jeter un œil ici. Je laisse les commentaires
ouverts.
Continuez à voter, à ne pas regarder TF1, lire les blogs, le canard enchaîné… Gardez l’esprit critique, vous en aurez bien besoin.
A bientôt.
Pascal.