La fiscalité selon Sarko : l'impôt devin
On a eu beau rallier les prises de positions de François Hollande sur la Fiscalité, l’entretien au journal Le monde donné aujourd’hui par Nicolas Sarkozy sur la fiscalité est ni plus ni moins qu’un étalage d’un magasin foirfouille.
Reprenons dans l’ordre :
« Le travail crée le travail. »
Voila la première vérité idéologique, plus qu’économique, sans justification aucune. Cette phrase ne veut rien dire. Elle n’est pas non plus avérée. Et ne prend absolument pas en compte le fonctionnement des grands groupe où les licenciements font le profit .
« Si on réduit de 4 points nos prélèvements obligatoires, on rend 68 milliards d'euros aux Français : 2000euros rendus aux Français par foyer et par an, y compris les retraités, et 4900euros par foyer si l'on s'en tient à la France qui travaille. »
Je ne suis pas une bête en économie, mais quand même, ça tient de l’esbroufe. C’est la proposition la plus abracadabrante que j’ai entendue. Démagogique dans la formulation : imaginez, l’on promet de rendre 2000 euros à chaque français et par an. Après l’éradication des SDF, c’est le Père Noel en personne qui se présente. Bon, ce n’est pas le tout, mais comment il va faire le bonhomme ?
« Nous le ferons en réduisant la fiscalité qui pèse sur
le travail. Nous le ferons aussi en récompensant le travail supplémentaire. […]Je
propose donc que les entreprises ne payent pas de cotisations sur les heures
supplémentaires – ce sera une incitation pour l'entreprise à en donner – et que
le salarié ne paie pas d'impôt sur le revenu supplémentaire qu'il perçoit. Songez
qu'un salarié rémunéré au smic qui fera 4 heures supplémentaires par semaine
augmentera son revenu de près de 2000euros par an. C'est un double bonus. (Sic) Et l'Etat y trouvera son compte car,
lorsque les salariés ont plus de pouvoir d'achat, ils consomment davantage, et
les recettes de TVA augmentent. »
Donc, en gros, si j’ai bien compris, mais ce n’est pas sur,
on rend 2000 euros si et seulement si on fait des heures sup pour gagner plus ce qui nous rapporte encore 2000 euros (le
fameux double bonus). Mais personne pourquoi n’y avait pensé plus tôt ? Bien
évidemment les entreprises qui n’ont pas besoin que leurs salariés fassent des
heures sup, ça n’existe pas. Que les heures sup empêchent d’embaucher, ça n’existe
pas non plus.
S’ensuit quelques considérations du type : on réduit de
moitié le nombre de fonctionnaire, comme ça on fait des économies.
Puis:
« Et il ne faut plus de minima sociaux sans contrepartie d'activité. Dans notre société, les devoirs doivent être la contrepartie des droits. »
Quel genre d’activité ? Ne sera-ce pas une sorte de
sous smic ? Quelle forme ça prendra ? Le bénévolat en association
est-il une activité ? On ne le sait pas.
« Je veux en outre que 95 % des Français soient
exonérés des droits de succession. »
La mesure démagogique, coûteuse, inégalitaire et qui part d’une conception ancestrale du patrimoine par excellence. L’héritage reste toujours pour la majeure partie des gens, un dû inaliénable. Ce n’est pas mon cas. De plus c’est encore un cadeau fiscal qui échappe aux moins favorisés.
Objectivement la plus intéressante des propositions. Mais
très très coûteuse. Notamment les premières années ou l’on paie le plus d’intérêt.
Autre risque, les banques profitent de l’aubaine pour relever les taux d’intérêts,
ce qui peut avoir deux conséquences possible, l’une c’est que l’on continuera à
emprunter sur 20 ou 30 ans, avec des intérêts faramineux, l’autre, tout
simplement, un krasch immobilier.
« Une société qui emprunte est une société qui croit en
l'avenir. »
Phrase qu’il faudra répéter à tous ceux qui sont en
commission de surendettement.
« Eux (les socialistes) veulent l'augmentation du seul smic; je préfère l'augmentation de tous les salaires grâce à l'augmentation de la quantité de travail. »
C’est-à-dire ne pas augmenter les salaires. Si la seule
manière de gagner plus c’est travailler plus, alors, les salaires n’augmentent
pas. Ce sont les revenus qui augmentent.
Et pour couronner le tout, le candidat UMP promet le vote en
juin (avec quelle assemblée ?) d’une loi sur le service minimum, c'est-à-dire
en faisant fi d’un dialogue social. Autant dire que dès juin, le pays est
paralysé. Ce qui, pour mener à bien toutes ces « réformes » coûteuses
et contradictoire, n’est pas de bon augure.
Cela dit, si Sarkozy passe, de toute façon, ce n’est pas de bon augure.