Ségolène a gagné un tour de taille
Force est de constater que je ne suis pas le Omar Sharif de la politique, et que, si j’ai donné le tiercé dans l’ordre, je me suis néanmoins complètement planté sur les scores. Bon. Ceci étant dit, je ne peux que prendre acte du résultat d’hier. Je suis bien évidemment déçu. Je crois quand même que je comprends les militants, l’ombre du 21 avril 2002 a énormément pesé, me semble-t-il sur ce scrutin. En voulant donner un signe fort à celle qui semble statistiquement le plus susceptible de l’emporter en mai 2007, les militants ont joué la sécurité, sans jeu de mot. Enfin si avec, j’en fais toujours (je donne à ce propos un bon point à celui qui a compris celui du titre du précédent post sur Frêche).
Nous pouvons noter une fois de plus que Paris ne vote pas de la même manière que la province. Ça devient de plus en plus significatif. Et c’est peut-être, du coup, un des meilleurs atouts de Ségolène, face à Sarkozy. La campagne très Poitou-Charente qu’a déjà entamée la candidate socialiste aura sûrement plus d’impact au niveau national que celle d’un Ministre, donc forcément parisien, qui plus est identifié comme le maire de Neuilly, ville particulièrement éloigné des préoccupations des « vraies gens ».
Cela dit la bataille sera âpre, rude, le résultat, si aucune autre surprise n’arrive, sera très serré.
Avant toute chose, la candidate socialiste devra encore convaincre les militants, et sympathisants plutôt favorables aux deux autres candidats. Et ce n’est pas gagné. Une frange va sûrement se disperser sur la gauche anti-libérale, et l’autre vers Bayrou, ceux qui auront fait ce dernier choix le feront pour contrer ce qu’on appelle à tort plus qu’à raison le « populisme ».
Ensuite, et c’est sur ce point que j’ai le plus de doutes, elle devra affronter très intelligemment Nicolas Sarkozy. Elle a vraiment intérêt à se faire coacher. En même temps, les attitudes viriles du président de l’UMP risquent bien d’être contre productives, il va être obligé de changer de musique, et ce n’est pas sûr qu’il puisse en maîtriser le rythme.
Ségolène Royal est donc pour l’instant le seul rempart que l’on ait pour contrer le Ministre de l’Intérieur. Il n’y a plus donc qu’à lui conseiller de se reposer quelques semaines, prendre des conseils à gauche et à gauche, pour reprendre de forces nécessaires au combat qui l’attend.