Oracles, ô désespoir
Cette année, j’irai voter pour la quatrième fois à une élection présidentielle.
En 1988, le droit de vote fraîchement acquis, jeune et fougueux, attiré par les thèses marxistes mais rejetant aussi le parti communiste (représenté cette année là par l’apparatchik André Lajoinie) que j’estimais complice de l’empire soviétique (le mur de Berlin, n’était pas tombé), détestant Lutte Ouvrière dont j’avais vu les membres noyauter de l’intérieur les manifestations anti Devaquet auxquelles, du reste, je n’avais pas participé, je décidais de voter Pierre Juquin, communiste réformateur. D’ailleurs dans ma classe (j’étais en terminale), beaucoup votaient Juquin. Ce dont je me souviens, c’est qu’il préconisait les 35 heures. Et puis c’est tout. Il a fait 2%. Au deuxième tour, j’ai voté Mitterrand.
En 1995, je n’étais plus du tout marxiste, mais toujours sensibilisé aux thèses de Gauche. Néanmoins, Jospin m’attirait peu. En revanche les thèses d’écologie beaucoup plus, et j’ai donc voté pour la jeune Dominique Voynet, qui prévoyait à l’époque, le passage aux 35 heures. Elle a fait 3 et quelques pourcents. Au deuxième tour j’ai voté Jospin.
En 2002, je trouvais le bilan de Jospin plutôt positif, n’avait-il pas réalisé les 35 heures, mesure qui visiblement me tenait à cœur (cf. plus haut) ? Néanmoins, je trouvais sa campagne assez nulle, et je le trouvais, lui, très tiède sur les « sujets de société » notamment sur le mariage homosexuel. Un temps tenté par l’incontournable Noel Mamère, bien plus moderne, j’ai quand même voté Lionel Jospin. Pour récompenser le seul qui avait à peu près tenu ses promesses pré électorales (les 35heures, encore elles, mais aussi les emplois jeunes et le pacs étaient dans le programme de 1997) bien que sa fin de mandat fût laborieuse, mais aussi car je sentais poindre le danger Le Pen, un sondage le donnant à 14,5% un autre donnant Jospin à 16%. Au deuxième tour, j’ai voté Jacques Chirac.
Conclusion : je n’ai jamais voté au premier tour pour un candidat qui s’est retrouvé au second. Du coup, je me demande si, mû par quelques absconses superstitions, je ne vais pas aller voter Bayrou.