La possibilité du tout.
Je ne croyais pas un jour en venir à dire ça, mais le fait est : si Nicolas Sarkozy n'existait pas il faudrait l'inventer.
Que les choses soient claires, tant que demeurera un doute sur sa défaite le 6 mai prochain, je le considèrerais comme dangereux. Mais si, comme je l'espère, il perd cette élection, il deviendrait ce personnage politico-romanesque qu'on n'aurait osé imaginer.
Certes, j'en rajoute un peu.
Mais quand même, venons-en à ce qui m'enthousiasme chez notre ministre-candidat.
Il paraît donc que le slogan du candidat de l'UMP, slogan très certainement mûrement réflechi, serait "Tout devient possible avec Nicolas Sarkozy".
J'adore.
Voilà un type qui rêve depuis tout petit, je veux dire depuis l'enfance, d'être président de la république, "le projet de toute une vie". Voici bientôt cinq ans qu'il se montre et se montre pour faire croire qu'il est indispensable. Reconnaissons aussi qu'il a fait évoluer le débat politique devenu poussièreux, qu'il a fait bouger les lignes : il a fâché Bayrou, il a obligé le ps à se déringardiser, il a rendu Le Pen plus patriarche que patriotique, en gros, il a bien bossé pour ses adversaires. En même temps, il s'est rendu incontournable dans son propre parti et, sur le papier, il a quand même de grandes chances de gagner.
Seulement voilà, à vivre entouré d'un cercle restreint, à vouloir faire confiance outre mesure à sa femme pour sa communication, il se prend les pieds dans le plat. Déjà l'annonce de sa candidature ratée. La fausse nouveauté des 'journeaux de provinces" éventée par Libération. Moins pire que le fax de Jospin, mais pas terrible quand même.
Et puis, là, maintenant, ce slogan.
Tout devient possible avec Nicolas Sarkozy.
Un slogan qu'il a dû payer très cher, en plus. Monsieur Sarkozy, franchement je connais des concepteurs-rédacteurs qui vous auraient fait un meilleur slogan pour moitié moins, même s'ils ne sont pas de votre bord!
Tout devient possible avec Nicolas Sarkozy.
Tout. Le meilleur comme le pire. Un élève de Terminale STT pourrait l'analyser. Tout. Avec Nicolas Sarkozy, tout devient possible, un krash boursier, une révolution, une baisse du pouvoir d'achat, la retraite à 80 ans, une guerre mondiale, que sais-je, TOUT, on vous dit, TOUT DEVIENT POSSIBLE !Comme à la SNCF dans les années 80, si, c'est possible !C'est Blessipo(souvenez vous de cette pub faussement jeune, hmm, un délice).
Ce n'est même pas Tout redevient possible, là encore, il y aurait eu peut-être moins d'ambiguité. Le "re" aurait été vache pour Chirac, mais il s'en fout de Chirac, Sarko, non?
Tout devient possible avec Nicolas Sarkozy. Bien sûr, j'entends aussi la musique du générique de feu l'émission de Jean-Marc Morandini, Tout est possible, avec se slogan d'entrée : Ne zappez pas ! Tiens, ça aurait été mieux, ça comme slogan, Monsieur Sarkozy, non? C'est important que les électeurs ne zappent pas, vous ne trouvez pas?
Non franchement, si Nicolas Sarkozy n'existait pas il faudrait l'inventer. C'est du moins, ce que, je pense, ont voulu dire les "créateurs" de ce slogan. Sarkozy prestidigitateur, petit génie de la lampe, (petite maître à penser?), Sarko va rendre possible ce qui ne l'était pas. Mais ce n'est pas ce que l'on entend forcément avec Tout devient possible avec Nicolas Sarkozy. Mais, comme je l'ai écrit hier, Sarko n'est pas un lexicologue, ce qui est important pour lui, c'est d'être compris, et tant pis si c'est de travers.
Au fond il a raison, ce n'est pas si important un slogan de campagne, ça ne fait pas perdre une élection.
Encore qu'avec Nicolas Sarkozy, cela devient possible.