Une histoire de mains pour la france d'après.
D’après le Canard Enchaîné daté d’hier, Sarkozy n’a gardé
son calme Dimanche dernier que pendant l’émission de Moati, Ripostes. Après, en
revanche, il a presque failli en venir aux mains avec Serge
Portelli (vice-pdt du tribunal de grande instance de Paris). Toujours selon le Canard,
le Ministre de l’Intérieur serait allé voir Portelli pour lui dire, de manière
presque enfantine, « si j’avais à être jugé, je n’aimerais pas être jugé
par un juge comme vous ». Ce à quoi le juge aurait rétorqué, « je n’aimerais
pas être citoyen en 2007 si vous devenez Président de la République » le
tout accompagné par une petite tape amicale sur l’épaule. Sarkozy se serait
énervé et aurait crié à maintes reprises : « ne me touchez pas !
ne me touchez pas ! ».
Il est vrai que Portelli a eu le malheur
d’apporter la contradiction avec véhémence au Président de l’UMP. Il a contesté
les chiffres de ce dernier, et l’a pratiquement traité de menteur.
On le sait, Sarkozy ne souffre pas la
contradiction, il traite souvent en privé ses collaborateurs de « connards »
ou de « branquignols » lorsqu’ils ne vont pas dans son sens ou pas
assez vite etc. Il en va de même avec ses adversaires donc. Mais le tout hors
champs de caméra bien entendu. Pendant tout le « Ripostes », Sarkozy
est resté stratégiquement calme, sa nouvelle manière d’être qu’il a pour gagner
les élections présidentielles. Bon. Personne n’est vraiment dupe. La preuve,
tout le monde remarque qu’il est calme.
N’empêche, son sang n’a fait qu’un tour lorsqu’il retrouve Portelli après l’émission. Et il le tance presque comme un gamin, avec un air de « tartagueule à la récré » qui est assez symptomatique. Ce n’est pas la première fois en effet que Sarko emploie des expressions ou attitudes enfantines. N’a –t-il pas dit en septembre 2005 : "Je ferai autre chose que de la politique, en particulier gagner de l’argent, mais, d’abord, je fais Président." On dit « je serais » mon chéri.
Il y a un côté gamin, chez Sarko. L’adversaire, il a envie de le battre presque dans un corps à corps.
D’où la difficulté qui se dresse à lui avec Ségolène Royal. C’est une femme, pas facile de se battre contre une femme.
Et pourtant, si l’on veut pour une fois être objectif sur ce blog, le déni de l’adversaire est tout aussi présent chez Ségolène.
Lorsqu’elle croise Françoise de Panafieu en Israël,la candidate Socialiste lui répond : « Je suis désolée mais après vos propos Madame, je ne vous salue pas ! » (Panafieu avait vivement critiqué Royal sur son absence de réaction à des propos qu’elle a visiblement pas entendu).
Elle est comme ça Ségo. Elle refuse de saluer. Elle avait déjà fait le coup à l’opposant de Michèle Bachelet au Chili. Dans un avion, ce dernier se pointe vers elle pour lui dire bonjour, et Sego refuse la politesse au prétexte d’opinions divergentes.
A ma connaissance il n’y a que chez Lutte Ouvrière que l’on fait ça, de ne pas saluer l’adversaire. Elle est peut-être plus à gauche qu’on le dit, Sego. Moi je ne trouve pas ça très fair play, mais bon, c’est très surement stratégique. C’est une manière de dire : la droite et moi, ça fait deux. Ou alors c’est vraiment une goujaterie structurelle : je ne salue pas ceux qui ne sont pas d’accord avec moi, point barre.
On voit bien alors quel genre de combat va se dessiner entre les deux favoris des mediasondages. L’homme qui veut « faire la bagarre » avec celle qui prendra tous les chemins pour éviter justement cette bagarre. L’un qui veut le corps à corps, l’autre qui ne veut même pas toucher la main pour saluer. L’un dans le frontal, l’autre dans l’évitement.
Je ne sais pas si vous avez remarqué, depuis quelques jours, c’est François Hollande qui s’occupe de charger Sarko. Outre l’aspect « j’envoie mon homme se battre », on risque bien de voir les prochains mois Hollande taper Sarko qui tapera Royal qui ne touchera personne, même pour serrer les mains.
Et là on pourra vraiment dire que Sarko fait des moulinets, car il va se battre contre l’évanescence faite reine. Et elle n'aura même pas besoin de crier "ne me touchez pas! ne me touchez pas!".