Le jeu vainement trouble de Chevènement
A quoi sert Jean-Pierre Chevènement en 2007? De quelle sorte de haute opinion de lui même est-il pétri pour qu’il croit que sa parole a encore du poids ?
Ministre détonnant, multi démissionnaire, Chevènement c’est avant tout un politique qui a de la gueule, et ce malgré quelques traits de ressemblance avec Bernard Menez, regardez bien la manière de pincer la lèvre. Ce fut aussi un ministre de l’intérieur bien plus crédible que l’actuel. D’ailleurs qui de plus crédible qu’un souverainiste pour s’occuper de l’Intérieur ? C’est fait pour ça les souverainistes, c’est fait pour s’occuper des petites affaires internes… ou des grands exploits de la nation, c’est selon. Le problème des souverainistes, c’est qu’on a un peu de mal à les distinguer des nationalistes. D’ailleurs, souvent mus par leur cause commune, les souverainistes s’entraident volontiers, qu’ils soient à gauche ou à droite de l’échiquier politique, une droite qui flirte avec son extrême. Le parcours de William Abitbol est un bon exemple, du groupuscule d’extrême droite Occident dans sa jeunesse, il est passé du côté de Charles Pasqua, l’a suivi au RPF pour finalement soutenir Chevènement en 2002 puis revenir à Pasqua. Bref, le souverainisme, c’est une confrérie, paraît-il républicaine, bien que l’on ne sait plus ce qui se cache derrière ce mot.
Car ça été la grande trouvaille de Chevènement pendant la campagne de 2002 : le candidat Républicain. On ne savait pas trop de quelle république il s’agissait, mais il était ré-pu-bli-cain le Chevènement ! pour ma part je l’aurais bien vu candidat face à Lamartine et Louis-Napoléon Bonaparte en 1848, mais là n’est pas le propos, être républicain, c’est être pour la république, qu’importe que ce soit la deuxième, la troisième, la quatrième, la cinquième, du moment que ce ne soit pas la sixième, qui, elle, fait peur à tous les prétendus républicains ! (Sûrement parce que Montebourg et Bayrou sont du genre à couper des têtes, allez savoir).
Quel trublion ce Jean-Pierre, quand même, renvoyer dos à dos Chirac et Jospin, ça c’était du programme politique ! Personne ne se souvient d’une seule proposition de Chevènement, mais ce n’est pas grave, il a fait 5 % des voix, ce qui eût été loin d’être ridicule si Jospin avait franchi le premier tour. Force est de constater que cet acte de bravoure, cette campagne de panache a été un coup d’épée dans l’eau. Plus personne n’a parlé de Chevènement, il n’a pu peser sur rien dans les élections qui ont suivi, il est devenu inaudible. Ah si, on l’a ressorti et épousseté lors du référendum sur la constitution européenne. Du coup, il a cru que lui et son groupuscule de Mouvement Républicain et Citoyen avait très nettement influencé les 55 % électeurs français qui ont voté non.
Il est comme ça Jean-Pierre, il croit que sa voix porte. Et la France va mal, il l’a dit hier, « tout fout le camp », ma bonne dame. On sent déjà poindre la tonalité de sa campagne. Du jamais vu, jamais entendu, c’est pour ça qu’il faut qu’il y aille Jean-Pierre ! Il va élever le débat !
Il va sans dire que penser que Chevènement va, une fois de plus diront certains, priver le ou la candidate socialiste du second tour est sans fondement. Chevènement n’existe tout simplement plus. Son tour est passé. L’agitateur, cette année, c’est Bayrou, on l’a déjà dit, la place est prise.
Chevènement, qui a le même âge qu’Arlette Laguillier, qui est aussi has been que Jospin, ferait mieux de ne pas trop se forcer pour avoir ses 500 signatures. Comme un autre souverainiste en 2002, un certain Charles Pasqua.