Un doc de Rotman sans filtre
J’ai eu l’occasion de voir le documentaire de Patrick Rotman qui passera sur France 2 lundi et mardi prochain et qui retrace à grand coup d’images d’archives et d’interviews de proches collaborateurs et d’autres personnalités le portait de Jacques Chirac.
Je ne saurais que trop conseiller de vous planter devant la chaîne de service public, en prime time qui plus est, pour savourer le parcours sinueux de notre Président de la République.
Qui a lu cette année la Tragédie du Président de Franck Olivier Giesberg et Le pouvoir et la vie tome 3 de Valéry Giscard D’Estaing ne sera pas complètement étonné par les errements et les coups bas qui ont eu lieu tout au long de la carrière de Chirac. Seule la conquête du pouvoir prime, et uniquement elle. Et pour cela, il a réussi.
Mais ce qui fait la force de ce documentaire, c’est que Rotman ne l’égrène pas de commentaires assassins, il ne force pas le trait non plus : il est pourtant irrévérencieux. La juxtaposition des faits sans détour suffit à blâmer Chirac.
Ce qui est formidable aussi, c’est que les français semblent avoir suivi sans trop ronchonner les demi tours fulgurants de la girouette Chirac. Comme si par sa brusquerie il réussissait à faire oublier qui il était 5 minutes avant.
Pour moi qui me souviens de Chirac premier ministre de VGE, la rétrospective est enthousiasmante. Je suis juste étonné que De Carolis ait permis sa diffusion.
Dernier point, il y a un « témoin » du documentaire, bien précautionneux d’ailleurs pour une fois, qui s’inspire directement de Chirac : Nicolas Sarkozy. Même goût de la conquête, prêt à tout, homme de réseau et d’alliances. On a l’impression tout de même que Chirac lui prépare son dernier coup : après Chaban, VGE, Raymond barre, Balladur, il n’en reste plus qu’un à éliminer pour terminer en beauté, c’est Sarkozy. Le dernier combat.
Sarkozy le sait. Raison pour laquelle, peut-être, il prétend s’inspirer aussi de Mitterrand.