Dominique, Laurent: tous égaux devant Sego?
Hier, donc j’ai assisté au débat des 3 prétendants socialistes à la candidature présidentielle. Pour ce faire, je me suis rendu à ma section, non que je ne possède pas le câble, mais plutôt pour tâter « l’ambiance ». Auparavant j’avais regardé « N’ayons pas peur des mots » avec trois représentants de Dominique, Laurent et Ségolène, respectivement Cambadélis, Huchon et Boutih. Ce mini-débat commençait a être un peu « enlevé » et présageait une foire d’empoigne pour le grand oral.
Il n’en a rien été comme vous le savez. Courtois, soporifique pour certains, le « débat », qui, en fait était une juxtaposition de point de vue, était pourtant de bonne tenue.
Que peut-on en retirer ? Déjà qu’il y avait plus de points communs entre les participants, qu’on ne pouvait le penser au travers des passes d’armes médiatiques auxquelles nous sommes confrontés quotidiennement depuis quelques semaines. Au bout de deux heures néanmoins trois styles se dessinaient : la femme de terrain, le prof et le politique.
Il y a –t-il un gagnant ? En réalité, il y en a deux. Le Parti Socialiste, et la démocratie.
Car si le dispositif peut paraître un peu froid, s’il fallait s’accrocher tout de même pour pouvoir suivre, il ne faut pas oublier le but de cette confrontation : informer les militants pour qu’ils fassent leur choix. Et là, je dois dire, que pour les militants, c’est quand même un peu le grand luxe. Sachant qu’il reste encore 2 fois 2 heures d’émissions télévisées sur d’autres thèmes, cela fait une sacré matière pour faire un choix (même s’il régnait encore beaucoup d’indécisions parmi les nouveaux militants que j’ai rencontrés hier). Le Parti Socialiste ne peut que sortir renforcé de ces débats car les perdants de l’investiture auront le sentiment du devoir accompli, que la pipolisation aura été dépassée par les idées et qu’il sera plus facile dès lors de se rassembler pour l’échéance finale. Par ricochet, la démocratie aussi s’en sort renforcée. Ces premières véritables primaires à la française ouvrent la voie. On attend bien évidemment qu’il se passe la même chose à l’UMP, plutôt qu’un parti soit là pour servir un seul homme.
Je reviens maintenant un peu sur le fond. Celui qui semble le plus convaincant sur le sujet (l’économie) est manifestement DSK, on s’en doutait un peu avant. Comme Barre, DSK c’est un peu le monsieur économie. Mais il n’est pas sûr que sa vision « macro » soit compréhensible par tous, ni qu’elle soit suffisante.
Ségolène Royal continue à vouloir prendre la France comme laboratoire d’expérience, ou plutôt d’appliquer les expériences du laboratoire Poitou-Charente à la France. C’est peut-être vraiment novateur, c’est peut-être vraiment ce que les Français attendent (plutôt que d’entendre parler de croissance), mais ça me paraît un peu trop gravé dans la dentelle face au bulldozer Sarkozy.
Quant à Fabius, il n’a pas pu, en affirmant son ancrage à gauche, s’échapper d’une posture Mitterrandienne. Que n’eût-il été aussi bon face à Chirac en 1986 ! Malheureusement 20 ans se sont écoulés, et il manquait le logo de l’Ina à chaque fois qu’il parlait. (Je suis désolé d’avance pour les quelques fabiusiens qui traînent sur ce blog).
La grande absente de ce débat est quand même la fiscalité. Des impôts et du financement des projets il n’a été peu question. Fabius a bien émis l’hypothèse d’une hausse de la CSG, mais l’on a l’impression que le mot « impôts » était banni du vocabulaire des trois protagonistes. Il faudra bien pourtant dire un jour, que oui, il faudra augmenter les impôts, que non, ce n’est pas un gros mot, que la grossièreté a été de baisser l’impôt sur le revenu des plus riches.
Au final, je pense que les lignes ont assez peu bougé chez les militants, que les indécis vont sûrement se ranger derrière DSK. Avec encore deux débats, il n’est pas impossible qu’il y ait un second tour le 23 novembre. Mais il n’est pas sûr que ce soit souhaitable, même si on ne vote pas pour Ségolène, un déchirement de second tour pourrait anéantir les bienfait de cette campagne. C’est pas facile d’être militant.