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2007 sans Sarkozy
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15 octobre 2006

Ainsi gît ce quart de siècle écoulé sans destin

giscard
C'est la première fois que je lis du Giscard. J'ai même pas eu mal. Dans ce troisième tome Du Pouvoir et la vie, notre cher Valéry relate les trois dernières années de son septennat, de 1978 à 1981. Ça tombe plutôt bien, je possède encore quelques souvenirs assez tenace de cette époque, en dépit du jeune âge que j'avais. Et, de fait, de nombreuses images me sont revenues, c'est tout juste si je ne voyais pas le logo de l'INA apparaître en surimpression.
Première particularité du livre, Giscard raconte comme si lui et les lecteurs ne savent pas comment vont se dérouler les événements. Dès lors,il met en scène ses pensées, malheureusement avec un style ampoulé, de façon complètement surranée.
Quelques descriptions balzaciennes viennent brouiller le propos.  Quel est-il d'ailleurs? Rien sinon l'Histoire telle qu'il l'a vécue. Ce qui est déjà beaucoup en somme vu qu'il en était un des acteurs principaux. C'est en fait un bon rappel historique. Je ne me souvenais pas, par exemple, que les prix étaient fixés par l'administration, alors que je me rappelle de la "libéralisation des prix". L'impopularité de Raymond Barre, la prise d'otage de l'ambassade des USA en Iran, l'invasion de l'Afghanistan par les Russes, le mouvement Solidarité en Pologne... tout ça résonne en moi avec la voix de Roger Gicquel. Et accessoirement celle de mon père qui commentait l'actualité que nous regardions tous les soirs, à table, en dînant.
La trahison de Chirac même, le "noeud" du livre, était quelque chose de connu jusque dans mon pavillon de banlieue.
Mais tous ces rappels ont une résonnance vraiment intéressante sur la situation politique d'aujourd'hui. L'importance des sondages déjà, et l'inversion très nette de la tendance entre l'automne et l'élection (Giscard était donné gagnant à 57 % en novembre 1980). Chirac prêt à tout pour conquérir le pouvoir, y compris voter pour son adversaire présumé Mitterand, pour mieux écarter Giscard. Ce même Chirac encore au pouvoir 25 ans après. Mais surtout l'exercice solitaire du pouvoir. Car, en dépit de certains passages assez drôles (Il sait très bien raconter les anecdotes, et manie très bien l'ironie) Valéry Giscard d'Estaing n'arrive pas à prendre de recul sur son passé. Le dispositif choisi d'ailleurs ne le permet pas. Il raconte l'Histoire au présent comme s'il n'y avait jamais eu de futur. Il eût été tellement plus pertinent d'analyser avec ce qu'il sait aujourd'hui.
Je suis persuadé qu'il sait les erreurs qu'il a commises, mais, en dehors de quelques autocritiques sur sa campagne présidentielle, jamais il ne se remet vraiment en questions. Les peurs qu'il avait sur Mitterrand, il ne dit pas si elles étaient justifiées après coup. Que la tactique de Chirac n'a porté ses fruits que 14 ans après non plus. Son non recul vis à vis de la peine de mort est tout simplement effrayant.
En résumé, j'ai eu l'impression de retrouver le Giscard de mon enfance, encore président (c'était d'autant plus flagrant que j'avais sa voix dans ma tête, ce qui fait un drôle d'effet), comme figé, une sorte d'Hibernatus. C'est juste la mémoire du lecteur qui s'est décongelée.

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