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2007 sans Sarkozy
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8 octobre 2006

On se bat on s'ébat, mais est-ce qu'on débat?

Lorsque l'on parcours les blogs, et surtout  les commentaires, lorsque l'on écoute un peu les gens parler, s'intéresser un peu à la politique ou au bien au contraire s'en désintéresser, on retrouve assez fréquemment une forme de complainte qui semble caractériser cette pré campagne présidentielle :  il n' y a pas de débat, ce n'est que de la "peoplisation" (ou "pipolisation" , ou du people, comme vous voulez. Notons tout de même que cette francisation de "people" en "pipole" a un petit un air désuet, un peu troisième république, à l'époque n'écrivait-on pas "biftèque"?) .
Donc pas de débat. C'est la starac au Ps. On vote par SMS. Il n'y en a que pour Sego et pour Sarko. On ne parle pas des idées. Les médias font leur propre campagne. On ne parle que des personnalités, ces fameux "pipole" et de rien d'autre.
Voila en gros ce que l'on peut lire un peu partout. Ajoutons quelques réactions allergiques : les deux là y'en a marre, je ne vais pas aller voter si ça continue, ou bien je voterais Bayrou (le must de l'audace en ce moment), ou bien les sempiternels extrêmes de tout bord, bien entendu. Bref, ça râle.
Quelque chose me dit pourtant, qu'il y a un comme un air de déjà entendu dans ces jérémiades. Et qu'il y a aussi beaucoup d'amnésie et de méconnaisance du scrutin présidentiel.
Faisons marcher notre mémoiree, tout du moins faisons marcher la mienne.
J'ai voté pour la première fois en 1988, c'était les élections présidentielles, donc.
De quoi parlait-on à l'époque? De pas grand chose. Six mois avant, les français étaient prêt à élire Rocard qui se serait bien présenté si Mitterand une fois de plus ne s'était pas interposé. Et sinon? Bah on appelait Miterrand "Tonton", on lui demandait de ne pas "laisser béton". C'est qu'au bout de deux ans, tout le monde en avait éjà marre de Chirac et de Pasqua à l'intérieur.  Devaquet au piquet en 1986. Les voltigeurs et Malik Oussekine. Et après rien ne va plus. Tonton un mois avant l'élection lance sa candidature, fait du "ni-ni" son programme et écrase Chirac au second tour car les français ne voulaient pas de Chirac comme Président point barre. De débat il n'y eu point. Barre a bien tenté de dire des trucs, mais il faut bien avouer que ce n'était pas très bandant. Du coup 14% pour Le Pen, ça commençait déjà.
En 1995, l'automne a été consacré à la guerre Balladur-Chirac et de savoir lequel des deux se présenterait. Les Français, eux, auraient bien élu Delors, on ne sait pas trop pourquoi d'ailleurs, vu que la France était clairement à droite à l'époque. Mais Delors, ça faisait bien. Il ne s'est pas présenté, donc retour sur la guerre Balladuro-Chirac. Et puis vint Jospin avec son président-citoyen qui arriva en tête au premier tour on ne sait pas trop comment. Je crois me rappeler que c'était une musique du groupe "Europe" pendant sa campagne, rien que ça, normalement, ça aurait du le discréditer, mais bon les français sont bizarres. Le débat entre les deux tours entre Chirac et Jospin fut d'une tiédeur inouïe, courtois comme dans un salon anglais, et avec assez peu d'idées à la clef. Chirac s'est fait élire sur la Fracture sociale. Un comble.
En 2002, nous avons bien vu que de débat il n'y eu point. Chevènement, coqueluche à l'automne avec 14% d'intention de vote, renvoyait dos à dos Jospin et Chirac, qui, il faut encore l'avouer, n'ont pas fait grand chose pour se distinguer l'un l'autre. Le résultat, on le connaît tous, il fut celui de trois élections présidentielles sans véritables débats.
Que dire de cette fois, alors? Déjà, 7 mois avant le premier tour, la campagne n'a pas commencé. Pour être efficaces, les programmes ne doivent être distillés qu'au compte goutte avec une très nette accélération sur la fin. Il est donc encore trop tôt pour dire qu'il n'y a pas de débat (ce qui n'amenuise pas l'aspect "people", véritable, lui). D'autant que, mine de rien, on débat déjà. Que ce soient sur les régimes de retraites spéciaux, la carte scolaire ou sur l'encadrement des jeunes délinquants, plusieurs points ont été soulevés. On sent aussi  que cette élection sera un vrai affrontement, que les positions vont être plus tranchées, et peut-être même plus originales - à défaut d'être efficaces, mais sait-on jamais. Et surtout, surtout, le débat a été récupéré par les citoyens. Cela a commencé la veille du référendum et cela continue maintenant, notamment via internet. Saisissons cette chance de pouvoir débattre pour pouvoir élire notre président ou notre présidente.
Dès lors, ne nous perdons pas, nous citoyens, dans des débats pour dire qu'il n'y en a pas !

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